L’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) représente une forme juridique particulièrement prisée par les entrepreneurs souhaitant créer une société tout en conservant un contrôle total sur leur activité. Cette structure, qui constitue la version unipersonnelle de la SARL, peut être constituée par un associé unique, qu’il soit personne physique ou personne morale. Cette distinction fondamentale entre ces deux types d’associés entraîne des conséquences juridiques, fiscales et organisationnelles significatives qu’il convient de maîtriser parfaitement.

Les règles applicables à l’EURL varient considérablement selon la nature juridique de l’associé unique. Lorsqu’une personne physique constitue l’EURL, elle bénéficie d’un régime fiscal de transparence par défaut, avec possibilité d’option pour l’impôt sur les sociétés. En revanche, quand une personne morale détient l’intégralité des parts sociales, l’EURL est automatiquement soumise à l’IS, sans possibilité de retour. Ces différences impactent directement la gestion quotidienne, les obligations déclaratives et la stratégie de développement de l’entreprise.

Définition juridique de l’EURL et statut du gérant associé unique

Distinction fondamentale entre personne physique et personne morale en droit des sociétés

La distinction entre personne physique et personne morale constitue l’un des piliers fondamentaux du droit des sociétés français. Une personne physique désigne un individu doté de la personnalité juridique dès sa naissance, capable d’exercer des droits et de contracter des obligations. À l’inverse, une personne morale représente un groupement doté d’une existence juridique distincte de ses membres, qu’il s’agisse d’une société, d’une association ou d’une fondation.

Cette distinction revêt une importance capitale dans le cadre de la constitution d’une EURL. Selon l’article L223-1 du Code de commerce, l’EURL peut être constituée par une seule personne physique ou morale. Toutefois, les conséquences juridiques et fiscales diffèrent radicalement selon la nature de l’associé unique. Cette différenciation s’explique par la volonté du législateur de préserver certains avantages fiscaux aux entrepreneurs individuels tout en encadrant les montages de sociétés.

L’identification précise de la nature juridique de l’associé unique conditionne l’ensemble du régime applicable à l’EURL. Cette qualification influence non seulement le régime fiscal de la société, mais également les modalités de désignation du gérant, les obligations comptables et les procédures de dissolution. Il convient donc d’appréhender cette distinction avec la plus grande rigueur lors de la constitution de la société.

Capacité juridique de l’associé unique selon l’article L223-1 du code de commerce

L’article L223-1 du Code de commerce pose le principe selon lequel la société à responsabilité limitée peut être constituée par une seule personne. Cette disposition, introduite par la loi du 11 juillet 1985, a révolutionné l’entrepreneuriat français en permettant la création d’une véritable société sans nécessité de s’associer. La capacité juridique requise pour constituer une EURL varie selon que l’associé unique soit une personne physique ou morale.

Pour les personnes physiques, la capacité civile constitue le prérequis essentiel. Les majeurs non protégés peuvent librement constituer une EURL, tandis que les mineurs émancipés doivent obtenir une autorisation spécifique. Les majeurs sous tutelle ou curatelle nécessitent l’accord de leur représentant légal. Les étrangers peuvent également constituer une EURL, sous réserve de respecter les obligations en matière de titre de séjour et d’exercice d’une activité commerciale.

S’agissant des personnes morales, leur capacité à constituer une EURL découle de leur objet social et de leurs statuts. Une société commerciale peut généralement prendre des participations dans d’autres sociétés, sauf disposition statutaire contraire. Les associations loi 1901 peuvent également constituer une EURL, à condition que cette création soit compatible avec leur objet social et ne contrevienne pas à leur caractère non lucratif initial.

Régime matrimonial et protection du patrimoine personnel de l’entrepreneur

Le régime matrimonial de l’entrepreneur personne physique associé unique d’une EURL mérite une attention particulière, car il interagit avec la protection patrimoniale offerte par la forme sociétale. En principe, l’EURL créant une personne morale distincte de l’associé unique, les biens personnels de ce dernier se trouvent protégés des créanciers de la société. Cette protection s’avère particulièrement efficace par rapport à l’entreprise individuelle.

Cependant, la situation matrimoniale peut complexifier cette protection. Sous le régime de la communauté légale, les parts sociales de l’EURL constituent un bien commun si elles ont été acquises pendant le mariage. Le conjoint non associé dispose alors d’un droit d’information et de contrôle sur certaines décisions importantes. Cette situation peut créer des tensions entre la protection du patrimoine familial et l’indépendance de gestion souhaitée par l’entrepreneur.

La mise en place d’un contrat de mariage ou l’adoption du régime de la séparation de biens permet de préserver l’autonomie décisionnelle de l’entrepreneur tout en protégeant le patrimoine du conjoint.

La déclaration d’insaisissabilité de la résidence principale, prévue par la loi Dutreil, constitue une protection complémentaire efficace. Cette procédure, réalisée par acte notarié, met la résidence principale de l’entrepreneur à l’abri des créanciers professionnels, renforçant ainsi la protection patrimoniale offerte par l’EURL.

Responsabilité limitée aux apports : mécanismes de protection patrimoniale

Le principe de la responsabilité limitée aux apports constitue l’un des avantages majeurs de l’EURL par rapport à l’entreprise individuelle. Cette limitation signifie que l’associé unique ne peut voir sa responsabilité engagée au-delà du montant de ses apports au capital social. Cette protection fonctionne comme une barrière patrimoniale entre la sphère professionnelle et la sphère privée de l’entrepreneur.

Néanmoins, cette protection n’est pas absolue et connaît plusieurs exceptions importantes. La responsabilité de l’associé unique peut être engagée au-delà de ses apports en cas de faute de gestion, de confusion des patrimoines ou de sous-capitalisation manifeste. Les tribunaux peuvent également prononcer l’extension de procédure collective à l’associé unique dans certaines circonstances particulièrement graves.

La pratique bancaire limite également la portée de cette protection. Les établissements de crédit exigent fréquemment des garanties personnelles de la part de l’associé unique, notamment sous forme de caution personnelle et solidaire. Ces garanties remettent partiellement en cause l’intérêt de la limitation de responsabilité, particulièrement pour les entreprises nécessitant des financements importants.

Constitution d’EURL par une personne physique : formalités et obligations légales

Rédaction des statuts constitutifs et clause d’identité de l’associé unique

La rédaction des statuts d’une EURL constituée par une personne physique requiert une attention particulière à la clause d’identité de l’associé unique. Cette clause doit mentionner précisément l’état civil complet de l’associé : nom, prénoms, date et lieu de naissance, nationalité, domicile et situation matrimoniale. Ces informations conditionnent l’application du régime fiscal et social approprié à la société.

Les statuts doivent également préciser la nature et la valeur des apports réalisés par l’associé unique. Pour les apports en numéraire, il convient d’indiquer le montant versé à la constitution et l’échéancier de libération du solde. Les apports en nature nécessitent une description détaillée et une évaluation, généralement effectuée par un commissaire aux apports lorsque leur valeur excède certains seuils.

La désignation du premier gérant constitue une mention statutaire obligatoire. L’associé unique peut se désigner lui-même gérant ou confier cette fonction à un tiers. Cette décision impacte directement le régime social applicable et les modalités de fonctionnement de la société. La durée du mandat et les conditions de révocation doivent également être précisées dans les statuts.

Déclaration de souscription et libération du capital social minimum

La souscription du capital social par l’associé unique personne physique s’effectue par la signature des statuts et l’engagement ferme d’effectuer les apports prévus. Contrairement aux sociétés par actions, aucun capital minimum n’est exigé pour l’EURL, permettant une constitution avec un capital symbolique d’un euro. Cependant, un capital insuffisant peut compromettre la crédibilité de la société et ses capacités de développement.

La libération des apports en numéraire suit un régime spécifique : au moins 20% du capital doit être libéré à la constitution, le solde devant être appelé et versé dans un délai maximal de cinq ans. Cette souplesse permet à l’entrepreneur de constituer sa société sans immobiliser immédiatement l’intégralité des fonds prévus au capital.

Les apports en nature doivent être intégralement libérés dès la constitution. L’intervention d’un commissaire aux apports devient obligatoire lorsque la valeur d’un apport excède 30 000 euros ou lorsque la valeur totale des apports en nature représente plus de la moitié du capital social. Cette évaluation garantit la sincérité du capital et protège les intérêts des tiers.

Immatriculation au registre du commerce et des sociétés via le guichet unique

L’immatriculation de l’EURL au Registre du Commerce et des Sociétés constitue l’étape finale de la constitution et conditionne l’acquisition de la personnalité morale. Depuis janvier 2023, cette formalité s’effectue exclusivement via le guichet unique électronique des formalités des entreprises, géré par l’INPI. Cette dématérialisation a simplifié les démarches tout en uniformisant les procédures.

Le dossier d’immatriculation doit comprendre plusieurs pièces justificatives : les statuts signés, l’attestation de dépôt des fonds, la déclaration de non-condamnation du gérant, justificatif d’occupation des locaux et attestation de parution de l’annonce légale. La complétude et la conformité de ce dossier conditionnent la rapidité d’instruction de la demande.

L’immatriculation génère l’attribution d’un numéro SIREN et d’un code APE correspondant à l’activité principale de l’EURL. Ces identifiants permettent l’identification de la société dans ses relations avec l’administration et les partenaires commerciaux. L’extrait Kbis, véritable carte d’identité de l’entreprise, atteste de l’existence juridique de l’EURL et de ses caractéristiques principales.

Publication de l’avis de constitution au bulletin officiel des annonces civiles et commerciales

La publicité de la constitution d’une EURL s’effectue par la publication d’un avis dans un journal d’annonces légales du département du siège social. Cet avis doit contenir des mentions précises définies réglementairement : dénomination sociale, forme juridique, montant du capital, adresse du siège, objet social, durée, identité du gérant et numéro d’immatriculation.

Cette publication vise à informer les tiers de la création de la société et à faire courir les délais de prescription de certaines actions en nullité. Le coût de cette annonce varie selon le département et la taille de l’avis, mais représente généralement entre 150 et 250 euros pour une EURL. L’attestation de parution constitue une pièce obligatoire du dossier d’immatriculation.

La réforme du droit des sociétés a simplifié le contenu des annonces légales en supprimant certaines mentions devenues obsolètes. Néanmoins, toute erreur ou omission dans cette publication peut entraîner des conséquences juridiques importantes, notamment en matière d’opposabilité aux tiers des caractéristiques de la société.

EURL filiale : constitution par une personne morale selon l’article L223-2

Holding SARL constituant une EURL subsidiaire : structuration juridique

La constitution d’une EURL par une holding SARL s’inscrit fréquemment dans une stratégie de structuration d’un groupe de sociétés. Cette configuration permet d’isoler différentes activités ou zones géographiques tout en conservant un contrôle centralisé au niveau de la société mère. L’article L223-2 du Code de commerce autorise expressément cette possibilité, sous réserve que la SARL holding dispose de la capacité statutaire nécessaire.

La holding SARL doit disposer d’un objet social suffisamment large pour englober la prise de participations et la gestion de filiales. Les statuts doivent prévoir cette faculté de manière explicite, faute de quoi la constitution de l’EURL filiale pourrait être contestée. Cette structuration présente l’avantage de permettre une optimisation fiscale par le biais du régime mère-fille et de la déductibilité des charges financières.

La gouvernance de cette structure nécessite une coordination étroite entre les organes dirigeants de la holding et de la filiale. Les décisions stratégiques importantes de l’EURL filiale doivent généralement être validées par l’assemblée générale de la holding, créant parfois des lourdeurs de gestion qu’il convient d’anticiper dans l’organisation du groupe.

Société par actions simplifiée créant une EURL d’exploitation

La création d’une EURL d’exploitation par une SAS présente des avantages particuliers en termes de flexibilité et d’optimisation fiscale. Cette structure permet de combiner la souplesse statutaire de la SAS au niveau de la holding avec la simplicité de fonctionnement de l’EURL pour l’activité opérationnelle. Cette configuration s’avère particulièrement adaptée aux activités nécessitant une réactivité importante dans la prise de décision.

La SAS holding bénéficie d’une grande liberté dans la définition de ses règles de gouvernance, permettant d’adapter les processus de décision aux spécificités de l’actionnariat. Cette flexibilité contraste

avec l’EURL filiale qui nécessite un formalisme plus encadré mais reste gérable pour des structures de taille moyenne.

L’articulation entre la SAS holding et l’EURL filiale doit être soigneusement organisée dans les statuts de la société mère. Les pouvoirs du président de la SAS en matière de gestion des participations doivent être clairement définis pour éviter les conflits d’attributions. Cette structuration permet notamment de bénéficier du régime des plus-values à long terme sur cessions de participations au niveau de la holding.

Le régime fiscal de cette structure s’avère particulièrement avantageux lorsque l’EURL filiale distribue des dividendes à sa société mère SAS. L’application du régime mère-fille permet une exonération quasi-totale de ces distributions, sous réserve de la réintégration d’une quote-part de frais et charges de 5%. Cette optimisation fiscale justifie fréquemment le choix de cette architecture juridique.

Association loi 1901 constituant une EURL commerciale : limites légales

La constitution d’une EURL par une association loi 1901 soulève des questions juridiques complexes relatives à la compatibilité entre le caractère non lucratif de l’association et l’objet commercial de la filiale. Le principe de spécialité qui régit les associations impose que cette création soit en adéquation parfaite avec l’objet social statutaire de l’association et serve ses finalités d’intérêt général.

L’administration fiscale surveille particulièrement ces montages pour s’assurer qu’ils ne constituent pas un détournement du régime fiscal privilégié des associations. L’EURL filiale ne doit pas permettre à l’association de développer des activités lucratives déguisées ou de distribuer indirectement des bénéfices à des membres. Cette vigilance se traduit par des contrôles renforcés et des risques de requalification fiscale.

Les limites légales incluent également l’interdiction pour l’association de percevoir des dividendes de sa filiale si cette distribution compromet son caractère désintéressé. Les bénéfices de l’EURL doivent être systématiquement réinvestis dans l’accomplissement de la mission d’intérêt général de l’association mère. Cette contrainte limite significativement l’intérêt économique de cette structuration.

Contrôle des participations et déclaration des bénéficiaires effectifs

Lorsqu’une personne morale constitue une EURL, l’identification des bénéficiaires effectifs devient plus complexe et nécessite une analyse en cascade de l’actionnariat ou du sociétariat. La réglementation anti-blanchiment impose de remonter jusqu’aux personnes physiques qui contrôlent finalement l’EURL, directement ou indirectement, avec un seuil de détention de 25% du capital ou des droits de vote.

Cette déclaration doit être effectuée lors de l’immatriculation de l’EURL et actualisée à chaque modification significative de l’actionnariat de la société mère. Les sanctions en cas de défaut de déclaration ou de déclaration inexacte peuvent être sévères, incluant des amendes administratives et des complications pour l’ouverture de comptes bancaires professionnels.

La traçabilité des participations s’avère particulièrement délicate dans les structures complexes impliquant plusieurs niveaux de holdings ou des participations croisées. Les professionnels du droit doivent porter une attention particulière à cette problématique pour éviter les erreurs de déclaration et leurs conséquences juridiques et financières.

Régime fiscal différencié selon la nature de l’associé unique

Le régime fiscal de l’EURL varie fondamentalement selon que l’associé unique soit une personne physique ou une personne morale, cette distinction conditionnant l’ensemble de la stratégie fiscale de l’entreprise. Cette différenciation s’explique par la volonté du législateur de préserver la transparence fiscale pour les petites entreprises tout en appliquant l’impôt sur les sociétés aux structures plus complexes.

Lorsque l’associé unique est une personne physique, l’EURL bénéficie par défaut du régime fiscal des sociétés de personnes. Les bénéfices sont directement imposés entre les mains de l’associé selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu, dans la catégorie correspondant à la nature de l’activité exercée. Cette transparence fiscale permet d’éviter la double imposition économique caractéristique des sociétés soumises à l’IS.

La possibilité d’opter pour l’impôt sur les sociétés offre une flexibilité appréciable aux entrepreneurs personnes physiques. Cette option, irrévocable pendant cinq exercices, peut s’avérer intéressante lorsque les bénéfices sont importants ou lorsque l’entrepreneur souhaite constituer des réserves dans la société. Le taux réduit de 15% sur les premiers 42 500 euros de bénéfices rend cette option particulièrement attractive pour les PME.

En revanche, quand l’associé unique est une personne morale, l’EURL est automatiquement et irrévocablement soumise à l’impôt sur les sociétés. Cette règle vise à éviter les montages d’optimisation fiscale complexes et à assurer une imposition équitable des groupes de sociétés. Les bénéfices de l’EURL sont imposés au niveau de la société, puis les distributions de dividendes sont traitées selon le régime mère-fille si les conditions sont réunies.

L’optimisation fiscale doit toujours s’inscrire dans le respect de l’intention du législateur et des principes généraux du droit fiscal, notamment l’abus de droit et l’acte anormal de gestion.

La planification fiscale de l’EURL doit également intégrer les règles de TVA et les impôts locaux. Le régime de TVA dépend du chiffre d’affaires réalisé et de la nature de l’activité, indépendamment du statut de l’associé unique. La contribution économique territoriale s’applique selon les règles de droit commun, avec possibilité d’exonérations spécifiques pour les entreprises nouvelles ou implantées en zones prioritaires.

Transformation de l’EURL et changement de nature juridique de l’associé

La transformation de l’EURL peut intervenir dans plusieurs situations : évolution vers une société pluripersonnelle par cession partielle de parts, changement de la nature juridique de l’associé unique, ou modification de la forme sociale elle-même. Ces opérations nécessitent une analyse approfondie de leurs conséquences juridiques et fiscales pour optimiser leur réalisation et éviter les écueils pratiques.

Le passage d’un associé unique personne physique à une personne morale, par exemple par apport des parts à une holding nouvellement constituée, entraîne automatiquement le basculement du régime fiscal de l’IR vers l’IS. Cette transformation peut générer une imposition immédiate des bénéfices en cours si l’EURL était précédemment soumise au régime des sociétés de personnes. La planification de cette opération nécessite une attention particulière au calendrier fiscal.

L’évolution de l’EURL vers une SARL par l’entrée de nouveaux associés constitue l’une des transformations les plus fréquentes. Cette mutation s’effectue généralement par cession de parts sociales ou par augmentation de capital avec entrée de nouveaux souscripteurs. Les formalités sont relativement simples mais nécessitent une modification statutaire et une mise à jour des pouvoirs de gestion pour tenir compte de la pluralité des associés.

La transformation en SAS ou SA représente une alternative intéressante pour les EURL en forte croissance nécessitant une structure capitalistique plus flexible. Cette opération implique une modification profonde de l’organisation sociale et des règles de gouvernance. Les parts sociales sont transformées en actions, ce qui facilite les opérations ultérieures de cession ou d’augmentation de capital.

Quelle que soit la nature de la transformation envisagée, une attention particulière doit être portée à la continuité des contrats commerciaux et des relations bancaires. Certains partenaires peuvent exiger une renégociation des accords existants ou de nouvelles garanties suite au changement de structure juridique. Cette dimension pratique ne doit pas être négligée dans la planification de l’opération.

Dissolution-liquidation de l’EURL : procédures selon le statut de l’associé unique

La dissolution de l’EURL peut résulter de plusieurs causes : arrivée du terme statutaire, réalisation de l’objet social, décision de l’associé unique, ou dissolution judiciaire pour justes motifs. Les procédures varient selon la nature de l’associé unique et la situation financière de la société au moment de la dissolution. Une EURL solvable bénéficie d’une procédure simplifiée, tandis qu’une société en difficultés doit respecter les règles du droit des entreprises en difficulté.

Lorsque l’associé unique est une personne physique et que l’EURL est soumise au régime fiscal des sociétés de personnes, la dissolution entraîne l’imposition immédiate des bénéfices non encore imposés et des plus-values latentes. Cette imposition peut générer une charge fiscale importante qu’il convient d’anticiper dans la planification de la dissolution. Les modalités de règlement de cette imposition peuvent être étalées sous certaines conditions.

La liquidation amiable de l’EURL s’effectue sous le contrôle d’un liquidateur, généralement l’ancien gérant ou l’associé unique lui-même. Cette procédure implique la réalisation de l’actif, l’apurement du passif et la distribution du boni de liquidation éventuel. Les formalités de publicité sont allégées par rapport aux sociétés pluripersonnelles, mais restent obligatoires pour assurer l’opposabilité de la dissolution aux tiers.

Dans l’hypothèse où l’associé unique est une personne morale, la dissolution de l’EURL peut s’inscrire dans une restructuration plus large du groupe de sociétés. Les aspects fiscaux sont alors gouvernés par les règles applicables aux groupes, notamment en matière de régime mère-fille et d’intégration fiscale. La coordination avec les autres opérations de restructuration nécessite une planification rigoureuse pour optimiser l’impact fiscal global.

La transmission universelle de patrimoine constitue une procédure spécifique applicable lorsque l’EURL est absorbée par son associé unique personne morale. Cette opération, régie par l’article 1844-5 du Code civil, permet une dissolution-liquidation simplifiée sans liquidateur et sans distribution formelle d’actif. Les créanciers bénéficient d’un droit d’opposition spécifique pour protéger leurs intérêts dans cette procédure accélérée.

Les conséquences sociales et fiscales de la dissolution varient également selon le statut de l’associé gérant. Un gérant salarié peut prétendre aux allocations chômage dans certaines conditions, tandis qu’un gérant non salarié ne bénéficie pas de cette protection. La planification de la dissolution doit intégrer ces aspects sociaux pour accompagner au mieux la reconversion professionnelle de l’entrepreneur.